Les 19 et 20 février 2024, le Centre Belge du Climat a organisé la première édition de la Belgian Science for Climate Action conférence à la Maison de la Poste à Bruxelles. Le thème de cette conférence inaugurale était "Extrêmes climatiques : Causes et conséquences".
Pendant deux jours, environ 400 scientifiques, universitaires, décideurs et représentants du secteur privé se sont réunis pour participer à des ateliers, des débats et des sessions scientifiques qui, ensemble, ont donné une idée de la richesse et de la diversité de la recherche belge sur le climat. C'était la première fois qu'un événement de cette ampleur sur le climat avec des participants aussi divers était organisé en Belgique.
Le changement climatique devrait accroître à la fois la fréquence et l'intensité des extrêmes climatiques, tels que les sécheresses graves, les canicules et les inondations. Ces événements peuvent avoir de profondes répercussions sur la société et les écosystèmes, et il est donc urgent de mieux comprendre leurs causes, leurs risques et leurs conséquences. Pour mieux anticiper ces événements, les décideurs politiques et le secteur privé ont de plus en plus besoin d'une science climatique exploitable et d'un transfert de connaissances efficace.
C'est précisément pour faire la lumière sur l'état actuel de nos connaissances et de nos besoins que plus de 70 chercheurs, scientifiques, décideurs politiques et représentants des secteurs public et privé ont pris la parole au cours des 18 sessions parallèles et des 5 keynotes qui ont constitué la conférence. Les informations échangées au cours de ces deux jours sont trop vastes et trop diverses pour être résumées ici, mais voici quelques infos que nous avons recolté lors des différents sessions :
Au cours de la session sur les extrêmes de la mer et les canicules marines, nous avons appris qu'avec le réchauffement actuel de 1,2°C par rapport aux niveaux préindustriels, nous nous rapprochons dangereusement des points de basculement pour les calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique occidental. La poursuite du réchauffement augmentera cette probabilité et pourrait également déclencher des points de basculement dans l'Antarctique oriental. Le franchissement de ces points de basculement entraînerait une élévation du niveau de la mer de plusieurs mètres sur des centaines, voire des milliers d'années.
Le changement climatique aura un impact sur de nombreux secteurs et de nombreux aspects de notre vie quotidienne, par exemple sur l'infrastructure énergétique. La Belgique est un pionnier dans le domaine de l'énergie éolienne en mer et notre production d'énergie éolienne en mer est la quatrième plus importante au monde. L'énergie renouvelable est une pierre angulaire de la transition vers le "net zero". Cependant, le réchauffement climatique pourrait entraîner une augmentation des périodes de faible vent (et donc de faible production éolienne), en particulier à l'automne, pour la mer du Nord et la Manche.
Lors de la session sur les villes et les extrêmes climatiques, les panélistes ont discuté de l'impact du changement climatique sur les villes et les zones urbaines. Celles-ci connaîtront notamment des augmentations des températures locales de +1,5°C et 2°C plus tôt que d'autres zones. Par exemple, la température moyenne estivale prévue pour Bruxelles augmentera de 3,6°C à 4,1°C dans le cadre de l'accord de Paris. Il est donc important de prendre des mesures d'adaptation, en particulier dans les villes. En outre, la science montre clairement que les villes et les zones urbaines sont des lieux d'innovation, d'adaptation, d'atténuation et de développement durable.
La session sur la santé physique et mentale a abordé à la fois les impacts du changement climatique sur la santé humaine et la manière de favoriser les changements de comportement nécessaires à la transition climatique. L'importance des facteurs co-bénéfiques des changements de comportement a été soulignée : certains choix (comme faire du vélo ou manger moins de viande) contribuent non seulement à réduire les émissions, mais aussi à améliorer la santé. Nous avons appris l'importance des mots que nous utilisons. Un orateur a souligné que pour convaincre quelqu'un de manger plus durablement, il est plus efficace de dire "sain", ce à quoi un autre chercheur a ajouté que pour convaincre quelqu'un de manger sainement, il est plus efficace de dire "délicieux".
La session sur l'assurance des risques climatiques a mis en évidence le fait que le secteur de l'assurance subit déjà l'impact du changement climatique. Les demandes d'indemnisation liées aux catastrophes naturelles augmentent de 7 % chaque année. Globalement, au cours des cinq dernières années, le secteur de l'assurance a enregistré une facture cumulée de 100 milliards d'euros pour les dommages causés par les catastrophes naturelles. Dans le scénario d'un réchauffement de 1,5°C, le secteur de l'assurance s'attend à une augmentation de 20 % des coûts liés aux demandes d'indemnisation liées au changement climatique. Dans un scénario de réchauffement de 2°C, ce pourcentage serait 50 % plus élevé qu'aujourd'hui.
Parallèlement, une session de posters (et un concours) s'est déroulée sur deux jours. Sur les 80 projets présentés, un jury a sélectionné 3 gagnants :
Olivia Raspoet, ULB, The basal thermal state of the Antarctic ice sheet
Seppe Lampe, VUB, Global burned area increasingly affected by climate change
Eva Beele, KULeuven, Urban forests or urban savanas? Tailoring cooling strategies to spatial and temporal variability in urban environments
Plusieurs participants ont fait part de leur enthousiasme à l'égard de la conférence et des organisateurs.
"Le lieu, l'environnement, les participants, le format et la qualité des interventions (scientifiques et artistiques) étaient exceptionnels. Je n'aurais pas pu imaginer un meilleur événement de lancement un an seulement après la création du Centre climatique. C'était un événement inspirant et motivant qui a montré tout le potentiel que nous avons en Belgique".
François Massonet, UCLouvain
En ce qui concerne l'empreinte écologique de la conférence, nous avons fait tout ce qui était raisonnablement possible pour minimiser l'impact sur l'environnement et les émissions de CO2. Les participants ont été encouragé.e.s à utiliser les transports publics, la plupart des repas étaient végétariens et les restes de nourriture ont été redistribués par une organisation caritative à des personnes dans le besoin. Au total, 38 kilogrammes de nourriture ont été distribués à 76 personnes, ce qui a permis d'économiser environ 55 kg d'émissions de CO2.
Présentations
Vous trouverez ci-dessous des liens vers les différentes présentations qui ont été partagées lors des sessions plénières et parallèles (pour lesquelles nous avons reçu l'autorisation de les partager).
Jour 1
Keynotes
Compound events & tipping points
Resilience of transport infrastructure to climate extremes
Biodiversity & agricultural resilience to climate extremes
Resilience of energy infrastructure to climate extremes
to
Navigating the climate research funding landscape
Jour 2
Keynotes
Sea level extremes & marine heatwaves
Impacts of climate extremes on the carbon cycle
How to create a (media) impact with your research
Attribution of climate extremes
Q&A with the Belgian Climate Centre
Cities and climate extremes
Les photos de l'événement sont disponibles ici (veuillez inclure la mention "crédit photo : Noé David" si vous souhaitez partager et distribuer ces images vous-même).